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Raymond Radiguet

« Je flambais, je me hâtais, comme les gens qui doivent mourir jeune et qui mettent les bouchées doubles ».

Nous allons voir dans cette biographie, que cette phrase du narrateur du Diable au Corps, s’applique aussi à Raymond Radiguet.

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Enfance

Jeanne-Marie-Louise Tournier et Jules Maurice Radiguet ont sept enfants. L’aîné, Raymond, naît le 18 juin 1903 à Saint Maur, où il passe son enfance.

Il assiste à un fait marquant, en 1913 : le suicide d’une employée de maison des voisins de ses parents. Il reprendra cette scène dans le Diable au Corps.

Alors que la première partie de sa scolarité se passe très bien, lorsqu’il rentre au lycée Charlemagne à Paris, rien ne va plus. Il fait l’école buissonnière. Il préfère lire et faire seul son éducation. Pour cela, il lit les classiques des 17, 18 et 19ème siècles : Lautréamont (Isidore Ducasse comte de), Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Marcel Proust, Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Jean Cocteau.

Raymond abandonne tôt ses études et se lance dans le journalisme.

Montparnasse

En 1917, alors qu’il dépose des caricatures de son père au journal L’Intransigeant, il fait la connaissance de l’écrivain et poète André Salmon. Ce dernier sera son premier intermédiaire dans le monde de la presse et des arts. Il permet à Raymond de rencontrer Guillaume Apollinaire, Max Jacob, Jean Cocteau.

En cette même année 1917, Raymond rencontre Alice Serrier (née Saunier), une voisine un peu plus âgée que lui, dont le mari est au front. Il entretient une relation avec elle, qui durera jusqu’à la fin de la guerre. Cette liaison lui inspirera son roman Diable au Corps.

Il commence à fréquenter le milieu de Montparnasse. En 1918, il fait la connaissance de Jean Cocteau qui devient un ami intime. Il encourage Raymond Radiguet à poursuivre dans la voie de l’écriture.

Raymond Radiguet
Raymond Radiguet

Son lancement

Jean_Cocteau
Jean Cocteau

En 1918, Raymond a alors 15 ans, il se lance dans le journalisme et publie quelques-uns de ses vers et des dessins sous le pseudonyme de Rajky. Ses dessins sont publiés dans le quotidien L’Indépendant et l’hebdomadaire Le Rire. Ainsi qu’un conte, Galanterie française, publié dans Le Canard enchaîné.

Il devient secrétaire de rédaction au Rire. Et il continue de faire des reportages pour L’Éveil et L’Heure.
Grace à Jean Cocteau il publie aussi des poèmes dans la revue d’avant-garde Sic.

Dès 1919, Jean Cocteau, conquis par ses premiers poèmes, l’incite à devenir romancier. Il le convie notamment aux « Dîners du samedi » où il rencontre entre autres Erik Satie, Paul Morand, Massia Sert, Jean et Valentine Hugo.

Désormais romancier

Raymond Radiguet mène désormais une vie mondaine. Il rencontre Max Jacob, Pierre Reverdy, Juan Gris, Pablo Picasso, Modigliani, Francis Poulenc, Arthur Honegger et bien d’autres.

A la matinée poétique organisée par Max Jacob à la mémoire de Guillaume Apollinaire, Raymond Radiguet lit des poèmes.

En 1919, il commence l’écriture du Diable au Corps.

En 1920, Jean Cocteau et lui fondent l’éphémère revue Le Coq, à laquelle participeront Paul Morand, Erik Satie, Tristan Tzara. Mais Raymond et Jean Cocteau ne s’arrêtent pas là, ensemble ils collaborent à l’écriture du livret de Paul et Virginie en 1921, dont Erik Satie aurait dû composer la musique.

Avec le compositeur Darius Milhaud, il crée la farce pantomime Le Bœuf sur le toit.

Il publie son recueil de poèmes Les Joues en feu, puis un autre Devoirs de vacances en 1921.

La fréquentation assidue avec Jean Cocteau du bar Le Gaya (à Paris 1er, rue Duphot) lui permet de rencontrer la poétesse et romancière Anna de Noailles et la Princesse Murat.

Il côtoie aussi les peintres cubistes et participe à des manifestations mystificatrices, comme Le Gendarme incompris, une parodie de Mallarmé; ou loufoques, avec son unique pièce Les Pélicans en 1921.

Mais à partir de 1921, après avoir achevé Diable au Corps, il revient à une vie plus modérée.

Une vie plus modérée

Raymond Radiguet
Raymond Radiguet

Le compositeur Darius Milhaud, avec ses amis eux aussi compositeur du Groupe des Six, fonde la salle de music-hall Le Bœuf sur le Toit en 1922. Cette brillante compagnie regroupe entre autres, Jean Cocteau, Pierre Reverdy, Francis Poulenc et Raymond Radiguet.

En cette même année, il séjourne en Corse avec le sculpteur Constantin Brancusi. Puis, de mai à octobre, part avec Jean Cocteau dans le sud de la France. Et en novembre il assiste aux funérailles de Marcel Proust.

Jean Cocteau présente Diable au Corps à Bernard Grasset. Conquis, ce dernier le publie en 1923. Même si la critique n’est pas favorable, considérant le roman comme un scandale, le public réserve un accueil enthousiaste au roman. Le grand succès est au rendez-vous. Ce roman sera couronné par le prix du Nouveau Monde.
Max Jacob a rapproché Diable au Corps des Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos empreint de libertinage et d’immoralité.

Ses relations amoureuses

Nous pouvons évoquer dans un premier temps, Alice Serrier, alors que Raymond a 14 ans. Cette relation, nous l’avons vu, lui a inspiré le romanDiable au Corps.

Jean Cocteau présente au jeune Raymond, la peintre et illustratrice Valentine Hugo. Valentine et Raymond se fréquentent. Elle est alors l’épouse de Jean Hugo, l’arrière petit fils de Victor Hugo.

Plus tard, il est l’amant de Béatrice Hastings, modèle et ancienne maîtresse de Modigliani. Il y a aussi la peintre et illustratrice Irène Lagut. Elle illustre d’ailleurs les poèmes Devoirs de Vacances en 1921.

Et son dernier amour en 1923, Bronia Perlmutter qui a alors 16 ans. Elle est modèle des peintres Moïse Kisling et Foujita et la future femme du cinéaste René Clair. Elle jettera un voile sur cette relation avec Raymond Radiguet. Mais alors qu’elle a plus de 90 ans, elle accepte de la raconter. Vous pouvez écouter sur France Culture : Bronia Perlmutter, de Raymond Radiguet à René Clair.

Mourir jeune

En cette fin d’année 1923, Raymond Radiguet est malade, c’est une fièvre typhoïde. Coco Chanel paie les frais d’hospitalisation. Sans avoir pu relire les épreuves du Bal du Comte d’Orgel, Raymond Radiguet s’éteint le 12 décembre 1923. Coco Chanel paie cette fois les frais d’obsèques (il est enterré au Père Lachaise) le 14 décembre. Jean Cocteau, inconsolable, n’y assiste pas.

C’est en 1924, que paraît Le Bal du Comte d’Orgel. Ce roman a été assimilé à une version moderne de La Princesse de Clèves de Madame de La Fayette. Dans cette intrigue un jeune aristocrate fait la connaissance d’un couple, le comte et la comtesse d’Orgel.

En 1947, Claude Autant-Lara fait une adaptation cinématographie du Diable au Corps. Le Bal du Comte d’Orgel sera adapté au cinéma par Marc Allégret en 1970.

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