L’oeuvre de Guy de Maupassant s’édifie en dix ans seulement. C’est une œuvre pourtant abondante et variée : des contes, des nouvelles, six romans. Maupassant que l’on a appelé « Le Météore ».
D’un côté, c’est un homme fort, un écrivain à succès, qui est reçu dans le monde. Un homme qui aime les femmes.
Il a aussi son côté sombre, ce côté où l’on trouve un névrosé, un anxieux. Ce trait est peut-être dû à son hérédité. Entre une mère dépressive et un frère dément.
Livres audio disponibles sur ce site
Boule de suif
La maison Tellier
L’inutile beauté
La parure
Le Horla
Pierre et Jean
Les contes de la bécasse
- La jeunesse de Guy de Maupassant
- Lancé en littérature
- Succès et reconnaissance
- Souffrance et angoisses
La jeunesse de Guy de Maupassant
Il naît le 5 août 1850 à Tourville-sur-Arques, près de Dieppe.
Un an avant le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte.
Son frère Hervé naît en 1856.
En 1859, la famille s’installe à Paris où Gustave de Maupassant, son père, a pris un emploi dans une banque. Ce père volage a de nombreuses liaisons. Laure de Maupassant, sa mère, née le Poittevin, part s’installer dans sa villa des Verguiers à Etretat avec ses deux fils. C’est une femme très cultivée, passionnée de littérature et de poésie. Elle va élever seule ses deux fils, alors que son père préfère la vie parisienne.
Elle a un ami d’enfance, Gustave Flaubert, qui va avoir une grande influence sur Guy.
Laure, érudite mais déprimée, laisse Guy libre dans la campagne normande, où il peut s’ébattre à son aise.
Cette vie de liberté s’accommode mal ensuite avec la rigueur du lycée jésuite et avec la discipline. Guy n’est pas heureux dans ce milieu austère. C’est au séminaire d’Yvetot, qu’il compose ses premiers poèmes. Mais il en est exclu en 1868, pour avoir écrit un poème trop impertinent. Il termine sa rhétorique à Rouen.
En 1869, Guy est bachelier. Il s’inscrit en droit, mais il n’a pas le temps de l’étudier, car la guerre franco-prussienne est déclarée et il est mobilisé.
Alors qu’à 20 ans, il aurait rêvé de gloire, il rencontre la défaite, l’absurdité de la guerre.
Il quitte l’armée en 1871.
Lancé en littérature
La guerre lui a montré la face hideuse de certains : les bourgeois lâches, les crimes gratuits des soldats, la bêtise des occupants, l’héroïsme des paysans décrits aussi comme cruels.
Après avoir quitté l’armée en 1871, en 1872, Guy de Maupassant travaille au Ministère de la Marine. Mais il s’y ennuie.
La littérature, le canotage sur la Seine sont seuls capables de le divertir de son travail fastidieux.
C’est en 1873, qu’il commence à rédiger des contes, guidé en cela par Gustave Flaubert. En effet, Gustave Flaubert, l’ami de la famille, est un modèle pour Guy.
Pendant dix années, Gustave Flaubert lui conseille de ne rien publier. Il lui apprend à aiguiser son regard, l’aide et le corrige. Pour enfin, l’amener vers le succès. Lorsque Gustave Flaubert lance Guy de Maupassant, il ne tarit pas d’éloges pour son jeune ami.
C’est Boule de Suif qui le lance. Et en effet, la nouvelle a un grand succès. Il publie dans les journaux des chroniques politiques, littéraires, des contes.
En 1880, son poème « Une Fille » publié dans La Revue Moderne, lui vaut de comparaître devant un juge pour outrage à la morale publique. Gustave Flaubert, son ami et son maître, intervient en sa faveur.
Mais cette même année, le 8 mai, Gustave Flaubert meurt.
Guy de Maupassant est donc devenu célèbre avec Boule de Suif. Un roman naturaliste, car proche du réel. L’auteur y insère de l’humour, à la rencontre de différentes sphères de la société, dans une époque troublée.
Succès et reconnaissance
Alors, tous les plaisirs s’offrent à lui. Voyages, soirées mondaines. Il s’achète un yacht, « Le Bel Ami ».
Entre séjour en Normandie, à Paris. Mais aussi un voyage en Algérie, en Tunisie, Italie, Sicile. Il séjourne aussi en Angleterre, invité par le baron de Rothschild en 1886.
Comme naturaliste, il est proche d’Emile Zola. Mais malgré ses connaissances, cette vie mondaine, il reste profondément solitaire.
L’écriture de nouvelles, lui permet d’analyser de façon concise, tout en dosant le dialogue, la description et le récit.
Les sujets qu’il traite sont nombreux : La guerre, le colonialisme (avec des textes engagés lors de son séjour en Algérie), la misère, la condition des femmes mariées ou plutôt vendues sans leur consentement, condamnées à la procréation (L’Inutile Beauté).
En écrivain naturaliste, quoiqu’il se revendique indépendant de ce mouvement, Maupassant s’intéresse à tous les milieux. Il aborde les thèmes de la paysannerie normande, des prostituées (La Maison Tellier), des employés et de leurs épouses (La Parure).
On y rencontre des paysans, des petits bourgeois, des gentilshommes, des notables.
Le fantastique, dans ses nouvelles, n’est pas représenté par des dragons ou des revenants, mais par un processus intérieur. Le voyage est inutile, on ne peut se fuir soi-même (Le Horla).
« Mais ne voit-on pas que nous sommes toujours emprisonnés en nous-même, sans parvenir à
sortir de nous, condamnés à traîner le boulet de notre rêve sans essor ! »
Il s’intéresse à l’hypnotisme et au magnétisme. Il suit les cours de Jean-Martin Charcot sur l’hystérie.
Ses romans lui permettent de brosser plus en détail la vie de ses personnages :
Une Vie : une existence.
Bel Ami : une carrière.
Mont-Oriol : l’adultère.
Pierre et Jean : la jalousie.
Fort comme la mort : l’amour et la jalousie.
Notre cœur : une passion non partagée.
Le Journal de voyage est à mi-chemin entre l’autobiographie et la fiction.
Au Soleil, Une Vie errante, une quête d’ailleurs.
On retrouve dans Guy de Maupassant du tragique et du vaudeville.
Souffrance et angoisses
Vers 1877, les premiers problèmes de santé apparaissent déjà. Avec ces problèmes, le pessimisme gagne, la maladie aussi. Le corps s’abîme. Il est sujet à des troubles de la vue, des migraines, des hallucinations.
De plus, il doit assumer l’internement de son jeune frère Hervé en 1889. Ce frère qui meurt trois mois après avoir été interné.
Il fait plusieurs cures afin d’apaiser ses maux. Les cures sont en plein essor depuis la Monarchie de Juillet.
Il a abordé cette dégradation physique, due à la maladie, dans certaines de ses œuvres.
Mais à partir de 1891, ses troubles de santé ne lui permettent plus d’écrire. Il souffre atrocement et il tentera deux fois de se suicider. Il meurt le 6 juillet 1893.
Sources :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Guy_de_Maupassant/132339
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