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Emile Zola : Biographie

Bien sûr, il y a la vaste fresque des Rougon-Maquart, l’œuvre la plus connue d’Emile Zola. Mais il est aussi l’auteur de deux autres séries : Les Trois villes (Londres, Rome, Paris), Les Quatre Evangiles (Fécondité, Travail, Vérité, Justice qui était en ébauche), romans publiés en 1865 et 1868. Ainsi que des contes, des pièces de théâtre, des livrets lyriques.

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Il a été critique d’art, littéraire et aussi journaliste parlementaire. Il a laissé un grand nombre de lettres adressées à divers correspondants. Il prend position d’un point de vue esthétique, mais aussi politique.
Dans cette deuxième moitié du 19ème siècle, la presse et l’édition connaissent un fort développement. C’est un moyen pour Emile Zola de s’imposer. Il veut trouver sa place, retenir l’attention du public.

Les origines

Emile naît à Paris, 10bis Rue Saint Joseph, le 2 avril 1840. Son père, François Zola, italien né à Venise, marié à Émilie Aubert en 1839, meurt le 27 mars 1847, alors que les travaux du système de barrage d’Aix en Provence, dont il est un des responsables, viennent de commencer. Il n’a pas eu le temps d’assurer une aisance financière à sa famille. Qui se retrouve en difficulté, presque dans la misère.

En 1848, c’est la chute de la Monarchie de Juillet et la proclamation de la République.

Les grands-parents maternels s’installent avec leur fille et Emile, après la mort de François. La misère va de plus en plus gagner la famille.

E.Zola et ses parents
E.Zola et ses parents

En 1852, alors qu’Emile est au collège d’Aix en Provence, il se lie avec Paul Cézanne. Leur amitié sera menacée, lorsqu’en 1886, Paul Cézanne croit se reconnaître dans le personnage de Claude Lantier, dans le roman L’Oeuvre.
Emile est un enfant unique, titulaire d’une bourse d’études. Il est sans relation dans cette petite ville d’Aix en Provence.En 1857, sa grand-mère meurt et en 1858, Emile, accompagné de son grand-père, rejoint sa mère, Emilie à Paris. Elle s’y était rendue en 1857, afin de faire reconnaître ses droits dans la société du Canal d’Aix.
En 1859, il échoue au baccalauréat et abandonne ses études. Sans ce bagage, il ne peut trouver que des emplois modestes dans une administration.
Son grand-père meurt en 1861.
Emile Zola est naturalisé français en octobre 1862. Il ne fait pas son service militaire, ayant « tiré le bon numéro ». A cette date, le recrutement pour le service militaire se faisait par tirage au sort.

La vie de bohème

Entre 1860 et 1861, il mène une vie de bohème. C’est une période de misère, mais elle l’enrichie par tout ce qu’il découvre. Il se fascine pour Paris, la culture, la politique.
Il assiste aux « Conférences de la rue de la Paix », données par des opposants de l’Empire. Ses comptes rendus des conférences, qui paraissent dans « Revue de l’instruction publique ». Il lit le journal républicain Le Siècle. Ses sympathies vont vers ceux qui défendent « l’esprit nouveau ».
Il écrit des centaines de vers. Mais la prose se révélera plus adéquate pour s’exprimer. Dans certains journaux (Revue Française, Vie Parisienne, Journal des villes et des campagnes) paraissent des contes et des poèmes. Ainsi que des tragédies.
C’est un grand lecteur de Molière, Montaigne, Michelet, Charles Dickens….
Il passe quatre ans à la librairie Hachette de 1862 à 1866. Il est embauché comme commis au début, mais il se retrouve rapidement au service de la publicité. Chez Hachette, il rencontre Hyppolite Taine (philosophe et historien), Emile Littré (médecin et philosophe), Emile Deschanel (professeur et écrivain), Jules Simon (écrivain et journaliste) et d’autres. Ce travail, lui permet de rencontrer des écrivains.
Grâce à son amitié avec Paul Cézanne, il entre en contact avec des peintres impressionnistes, dont Alfred Sisley, Camille Pissaro, Auguste Renoir, Edouard Manet, qui peindra son portrait. Emile Zola figurera aussi sur le tableau de L’Atelier des Batignolles, de Fantin-Latour.
Il défendra ses amis impressionnistes, mais pourra aussi être impitoyable dans sa critique. Comme face au tableau Raboteurs de parquets de Gustave Caillebotte, présenté à la deuxième exposition impressionniste en 1876. Emile Zola dénonce dans ce tableau, une représentation trop réaliste.
Entre 1862 et 1868, ce sont six années d’intense activité intellectuelle, de réflexion. En 1864, il publie un recueil de contes : Les Contes de Ninon, dans lesquels Emile Zola exprime tout son talent en intégrant du fantastique, du réalisme, de l’humour. Un aperçu de ce que vont réserver les romans qui suivront.
En 1865, paraît, La Confession de Claude, un premier roman.
En 1866, il emménage avec Alexandrine Meley, qu’il a commencé à fréquenter fin 1864 et qu’il épousera.

Vers le naturalisme

C’est en 1867 qu’il écrit le premier roman qui le fera connaître : Thérèse Raquin qui paraît à la Librairie Internationale . A la suite de quoi, il commence à travailler sur la fresque des Rougon-Maquart. Un travail qui va durer vingt cinq ans. Dans cette fresque romanesque, Emile Zola raconte l’histoire d’une famille issue de deux branches (Les Rougon, les Maquard), sous le second empire. Ce cycle porte le titre évocateur : « Histoire naturelle et sociale d’une famille sous le second empire ». Il se terminera par le roman « Le docteur Pascal » en 1893.
A l’instar de ses contemporains, Emile Zola est conscient de vivre une époque de transition.
Avec les changements commencés en 1789, la société a vue de grandes mutations. Et à cela s’ajoutent les découvertes scientifiques, ainsi que les applications s’y attenantes.
Emile Zola doit se fier aux faits, partir de la recherche de la vérité, analyser.
Sur le modèle de Littré, il va appliquer la méthode de déduction, non pas à la science, mais à ces œuvres romanesques. La réalité lui offre un vaste champ de possibles romanesques. Il analyse les hommes, d’une façon nouvelle, en fonction de leur physiologie et du milieu dans lequel ils vivent.
Il ne désire donc pas rendre fidèlement le réel. Une fois le sujet posé, il enchaîne les causes et les effets. Pour chaque personnage, le lecteur peut remonter aux causes qui ont généré les effets, et ainsi comprendre le personnage et l’œuvre.

Balzac, dans la Comédie Humaine, dépeint la société contemporaine. Emile Zola dépeint, quant à lui, une famille et se base sur l’hérédité :
« … Ma grande affaire est d’être purement naturaliste, purement physiologiste ».

Il se documente sur la physiologie avec les ouvrages :
– La Physiologie des passions, de Charles Letourneau.
– Le Traité de l’hérédité naturelle, de Prospère Lucas.

Il acquière au fil des années un savoir scientifique en lisant Darwin, Claude Bernard et d’autres. Emile Zola est à l’origine du mouvement littéraire naturaliste. Il se lie d’amitié avec Gustave Flaubert et Alphonse Daudet. Il est aussi entouré, lors de ses soirées, par Guy de Maupassant et Joris-Karl Huysmans.
Le 1er avril 1867 : Ouverture de l’exposition universelle à Paris. Et en octobre, loi Victor Duruy sur l’enseignement secondaire pour les filles.

En 1870, alors que la République est proclamée, Emile Zola part à Marseille avec sa famille, puis à Bordeaux. Cette année est aussi marquée par la déclaration de guerre avec la Prusse, le 19 juillet. Paris est assiégé le 19 septembre. Et alors que l’armistice est signé le 24 janvier 1871, le 18 mars, c’est l’insurrection à Paris et la Commune.

Les Rougon-Maquart

zola-portrait.
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La Fortune des Rougon, le premier roman de la série des Rougon-Maquart, paraît en feuilleton dans Le Siècle.
Dans les Rougon-Maquart, tout part de Tante Dide (Arbre généalogique des Rougon-Maquart).
Zola dépeint un Second Empire dominé par le goût du pouvoir, du luxe, du plaisir. C’est aussi le combat du pauvre contre le riche, combat de l’idéaliste. Il analyse les inégalités entre les classes.

C’est la naissance de l’âge industriel et de ce qui en découle : Voies ferrées, routes…. D’ailleurs son père François a été ingénieur en chef de la première ligne de chemin de fer en Haute Autriche, entre Linz et Budweis. Puis avec son cabinet d’ingénieur à Marseille, il s’est occupé de plusieurs projets de ports, canaux….

C’est aussi l’époque de la transformation des grandes villes, les percées dans Paris avec le baron Haussmann. La naissance des grands magasins, des cures thermales, avec les séjours à Trouville, Dauville, Vichy, Salies de Béarn….

A côté de toutes ces évolutions le peuple est dans la misère. Dans le roman Germinal, nous partons à la rencontre de ce peuple, du travail, du syndicalisme. Dans l’Assommoir, c’est l’alcoolisme et la condition ouvrière.

Il évoque aussi les artistes et ce milieu qu’il a fréquenté depuis 1860, dans L’Oeuvre. Leur condition de vie difficile, leur combat pour proposer un art nouveau. Sans oublier leurs divergences.

Mais Emile Zola veille à toujours garder une construction romanesque.

En 1871, alors que La Fortune des Rougon est édité chez Lacroix et Verboeckhoven, la publication de La Curée en feuilleton dans La Cloche est suspendue par le Parquet. Le roman paraîtra en 1872 chez Lacroix et Verboeckhoven.
Toujours en 1871, Emile Zola fait des résumés des débats parlementaires aux journaux La Cloche et au Sémaphore.
Dès 1873, les parutions en feuilleton puis en livre des romans de la série des Rougon-Maquart se succèdent jusqu’en 1893, jusqu’au Docteur Pascal.

Emile Zola est accaparé entre le regroupement de documentations pour la préparation de ses romans et le journalisme. En effet, il écrit pour différents journaux : Sémaphore de Marseille, L’Avenir National, Messager de l’Europe, le Figaro, la Revue Littéraire et Artistique.

Le succès littéraire

La publication de L’Assommoir en 1877 est un succès et Emile Zola gagne en notoriété et financièrement.

En 1878, il achète une petite maison avec jardin à Médan. Il agrandira cette maison et acquerra des terrains voisins. il y séjournera plusieurs mois par an, y recevra ses amis : Goncourt, Guy de Maupassant, Paul Cézanne, Alphonse Daudet…. Il sera même élu Conseiller Municipal.
Il côtoie aussi l’écrivain Joris-Karl Huysmann devenu son ami et l’éditeur Georges Charpentier.
Sa mère Emilie meurt le 17 octobre 1880. Emile Zola qui lui est très attaché, est bouleversé.
 1880 – Loi Camille Sée, qui institue un enseignement secondaire publique et laïque pour les filles.
En cette année 1880, Emile Zola est condamné par le tribunal civil. Un avocat à la cour d’appel l’ayant attaqué pour avoir utilisé son nom, Duverdy, dans Pot-Bouille.
1887, « Manifeste des cinq » contre La Terre, publié le 18 août dans le Figaro. .
1887-1889 sont des années marquées par l’agitation boulangiste  .
Et en 1888, Emile Zola reçoit la Légion d’Honneur. Il est initié à la photographie par Victor Billard, alors qu’il passe quelque temps à Royan avec sa famille et une jeune lingère nommée Jeanne Rozerot. Jeanne avec qui il commence une liaison en fin d’année. Sa femme Alexandrine la découvrira en 1892.

La fin des Rougon-Maquart

1893 : Les Rougon-Maquart sont terminés. A cette occasion et pour célébrer cet achèvement, un déjeuner littéraire au Châlet des Iles du bois de Boulogne est organisé.
Discours de Zola aux obsèques de Guy de Maupassant. Dont voici un extrait :
« … Et, dans la suite des temps, ceux qui ne le connaîtront que par ses œuvres l’aimeront pour l’éternel chant d’amour qu’il a chanté à la vie. »

C’est en septembre qu’à lieu le Congrès International de la presse à Londres, avec pour sujet l’anonymat dans la presse.

L’affaire Dreyfus

1894 : le 15 octobre, arrestation du capitaine Dreyfus, accusé d’espionnage au profit de l’Allemagne. Il est condamné à la dégradation militaire et à la déportation, le 22 décembre. La dégradation a lieu le 5 janvier 1895, dans la cour de l’Ecole Militaire.

J'accuse

D’abord Emile Zola n’est pas convaincu de l’innocence de Dreyfus. Pourtant Bernard Lazare essaie de la convaincre. Il faut attendre 1897. Scheurer-Kestner, alors vice-président du Sénat, annonce qu’il va mener une campagne pour la réhabilitation de Dreyfus. Il est présenté à Emile Zola et arrive à le convaincre de l’innocence de Dreyfus.

Des articles dans le Figaro vont être écrits. Mais en Janvier 1898, Esterhazy est acquitté. Le colonel Picard, accusé de faux, est arrêté. Le 13 janvier 1898, il fait paraître sa lettre au président de la république dans l’Aurore, l’article « J’accuse».

Le Ministre de la Guerre intente un procès à Zola pour diffamation. Il est condamné a un an de prison et 3.000 francs d’amende. L’arrêt est cassé le 2 avril.

Il est aussi en procès en diffamation contre trois experts : Belhomme, Varinard et Couard. Il perd ce procès : 1 mois de prison, 10.000 francs d’amende pour chaque expert et 1.000 francs d’amende.
Emile Zola s’exile à Londres. Il est radié de l’ordre de la Légion d’Honneur.

Il revient en 1899.

Zola meurt en 1902, par asphyxie. Peut-être d’origine criminelle.
Emile Zola a été un homme en lutte, un indigné.
Il a eu deux enfants naturels avec Jeanne Rozerat (lingère et couturière de son épouse). Après la mort de Zola, ses deux enfants seront reconnus par sa femme, Alexandrine Meley.

1906 – Réhabilitation de Dreyfus.

1908- Transfert des cendres de Zola au Panthéon.

Zola et la photographie

Emile Zola

« A mon avis, vous ne pouvez pas dire que vous avez vu quelque chose à fond si vous n’en avez pas pris une photographie révélant un tas de détails qui, autrement, ne pourraient même pas être discernés ». Interview accordée par Emile Zola à la revue anglaise the King, 1901.

La photographie est devenue pour Emile Zola, dès 1888, une passion. Il fait installer un laboratoire à Paris et à Médan, afin de pouvoir développer ses épreuves.

Il fait d’abord des photographies de la famille et des amis, d’animaux. Puis ce sont des paysages, Paris, des villes anglaises et italiennes. Et bien sûr, l’exposition universelle de Paris en 1900.

Pour Emile Zola, la photographie est une vraie forme d’expression. Il s’inspire de la technique des peintres avec qui il est lié.

Les Rougon-Maquart, quelques romans

La Fortune des Rougon est le premier roman du cycle des Rougon-Maquart. Nous retrouvons les républicains généreux, exaltés. Mais rien n’est simple et dans ce groupe certains sont dangereux, envieux.
A l’opposé, ceux qui condamnent les républicains sont opportunistes, ambitieux, incapables.
La soif du pouvoir, l’ambition sociale et politique, la manipulation, n’appartiennent-elles qu’au passé ?

La Curée évoque la réussite grâce à l’absence de scrupules et à la chance. Il faut profiter des grands travaux menés par Haussmann, afin de fonder sa fortune sur la spéculation foncière.

Nous n’oublions pas Le Ventre de Paris, un combat entre les Gras et les Maigres. Ce sont les Halles fantastiques, où déborde l’abondance de nourriture.

Au Bonheur des Dames qui évoque le combat entre le petit et le grand commerce. Un homme qui en quelques années, transforme un petit commerce en grand magasin.
Emile Zola y évoque la condition des employés. Bien sûr, il faut que ces employés soient heureux, qu’ils aient de bonnes conditions de travail afin…. qu’ils soient plus productifs !

Germinal et les soulèvements des salariés. La condition des mineurs face à la situation des bourgeois. Entre résignation et révolte. L’opposition entre le Travail et le Capital. La conscience du prolétariat.
Sachant qu’en 1885, l’adaptation au théâtre de Germinal est interdite. Emile Zola proteste dans le Figaro contre la censure.

L’Œuvre, roman dans lequel Emile Zola évoque les conditions difficiles de la vie des artistes. Leur combat pour proposer un art nouveau, l’impressionnisme. Mais il n’oublie d’exposer leurs divergences.

Le Rêve, ce conte de fée, écrit après La Terre et avant La Bête humaine. Deux romans particulièrement terribles et violents.

La Bête Humaine et la ligne de chemin de fer de l’ouest. Roman noir entre amour, folie et mort.

L’Argent, la fortune grâce à la spéculation, le milieu de la bourse y est décrit. Le combat entre deux banques. Dont une perdra en entraînant derrière elle un grand nombre de petits épargnants. Dans ce roman, nous pouvons voir les deux faces de l’argent : celui qui permet de bâtir, d’améliorer la vie, en opposition à l’argent qui corrompt.

La Débâcle, est non seulement, la défaite à Sedan, mais aussi la fin du Second Empire. La fin d’une époque…

Enfin, un résumé de l’œuvre, Le Docteur Pascal. Le personnage du docteur Pascal a toujours poursuivi ses recherches sur l’hérédité avec pour modèle sa famille. La science qui évolue, mais aussi la nature en qui il faut avoir confiance. Un livre qui se termine avec une vision d’espoir. Le docteur Pascal peut être perçu comme un double d’Emile Zola, par son travail acharné, ses recherches. Sans oublier que tout deux ont élaboré l’arbre généalogique des Rougon-Maquart.

Mais dites moi ! Tous ces thèmes n’ont-ils pas toujours des résonances avec l’époque que nous vivons ?

 

Musique d’accompagnement de l’audio : C_Major Prélude de J.S.Bach, par Nigel North.
Sources :
https://www.franceculture.fr/personne/emile-zola
http://www.linternaute.com/biographie/emile-zola
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89mile_Zola

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