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Comtesse de Ségur

Vous connaissez sans doute au moins un de ses romans : Les malheurs de Sophie, Un bon petit diable, Le général Dourakine, L’Auberge de l’Ange gardien.
Mais connaissez vous la vie de la comtesse de Ségur ?
Cette femme qui a été entourée de ses 9 enfants et 19 petits enfants. Ne vous paraît-il pas couler de source qu’elle leur raconte un jour des histoires ?
Alors remontons le temps jusqu’en 1799 et partons pour Saint Petersbourg…

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1799 à Saint Petersbourg en Russie, une petite fille naît qui s’appelle Sophie Rostopchine.
Son père se nomme Fedor Vassilievitch Rostopchine et sera gouverneur de Moscou en 1812. Et elle a pour parrain le tsar Paul Ier. Son père, de par son activité, sera peu présent pour son éducation.
Sophie est élevée durement par une mère non aimante. Catherine Protassov est autoritaire, austère et sans cœur. Les sévices que la comtesse de Ségur fera subir à Sophie, dans Les malheurs de Sophie, sont en partie les mêmes qu’elle a subi dans son enfance.

La comtesse de Ségur
La comtesse de Ségur

Rappelez vous, nous sommes à Saint Petersbourg et il fait très froid l’hiver. La petite Sophie est vêtue légèrement et même en hiver. Pour dormir elle a peu de couvertures et mange très peu. Tout est rationné par sa mère.
Est-ce un effet de ces mauvais traitements ? La petite fille fait beaucoup de bêtises et elle est souvent punie par des coups de fouets. Bêtises et coups reçus, qu’elle narrera aussi plus tard dans Les malheurs de Sophie.
Comme enfant de l’aristocratie russe, elle apprend plusieurs langues. Elle en maîtrise cinq, dont le français.
Dans une Russie orthodoxe, et sous l’influence de Joseph de Maistre, alors ambassadeur, Catherine Protassov se convertit à la religion catholique. Puis elle convertit aussi ses enfants.

En 1812, Napoléon Ier engage la campagne de Russie.
Alors que les troupes de Napoléon avancent sur Moscou, Fedor Rostopchine, le père de Sophie, met le feu à son domaine de Voronovo afin de ne rien laisser aux troupes de Napoléon. Dans ce même but, Moscou est aussi incendié et abandonnée par les moscovites.
Sophie reste marquée par ces événements auxquels elle a assisté. A l’instar de Stendhal qui témoigne dans son Journal de ce qu’il a vu et vécu.

Suite à des mésententes avec le tsar Alexandre II, Fedor Rostopchine part pour Paris en 1817. Malgré son combat contre les français, pendant la campagne de Napoléon, Fedor Rostopchine est bien reçu en France. Mais oui, il arrive en pleine Restauration. A la cour de France, il est présenté à Louis XVIII.

Sophie rencontre le conte Eugène de Ségur à Paris et l’épouse en 1819. Eugène de Ségur est issu d’une famille de noblesse d’épée depuis le XVIIème siècle.
Le couple vit à Paris, mais Eugène de Ségur se révèle volage.
Fedor Rostopchine achète à sa fille le château de Nouettes près de l’Aigle, dans l’Orne. Puis il repart en Russie, Sophie ne le reverra jamais. Il meurt en 1826.
 
La comtesse de Ségur est donc une épouse délaissée. Elle décide d’aller vivre dans son château des Nouettes. La vie parisienne est pour elle une vie de perdition morale et matérielle. Dans son roman François le bossu, Monsieur de Nancé recueille Christine l’amie de son fils François. En bon père de famille, selon la comtesse, il évite que François et Christine aillent à Paris.

Eugène comte de Ségur
Eugène comte de Ségur

Eugène et Sophie de Ségur ont huit enfants : Gaston (1820), Renaud (1821), Anatole (1823), Edgard (1825), Nathalie (1827), Henriette (1829), Sabine (1829) et Olga (1835). La comtesse élève elle même ses enfants. Ce qui n’est même pas imaginable dans le milieu de la noblesse. Elle est très attachée à Gaston, qui, contre toute attente, devient évêque. Plus tard, il perdra la vue.
 
Elle accueille ses 19 petits enfants dans son château et privilégie une bonne éducation grâce au bon air et à la bonne nourriture de la campagne.
Elle est très occupée entre sa famille et la gestion de son domaine. En effet, il faut s’occuper du personnel de maison, des fermiers. Mais elle a aussi des accès de mélancolie et de longues périodes de mutisme.

La comtesse de Ségur commence a écrire en 1856 (Les nouveaux contes de fée, Livre de messe des petits enfants, La santé des enfants). Elle est âgée alors de 57 ans.
Un jour elle lit les contes qu’elle a écrit à son ami Louis Veuillot (journaliste et homme de lettres). C’est peut-être Louis Veuillot qui va faire publier ses contes chez Hachette.
Ou bien, est-ce son époux qui, comme président de la Compagnie des chemins de fer de l’Est, parle à Louis Hachette des contes écrits par la comtesse de Ségur. Propose de les éditer dans le cadre de la collection « Bibliothèque des Chemins de Fer ».
 
C’est entre 1857 et 1871 qu’elle écrit pour ses nombreux petits enfants, une vingtaine de romans qui la rendent célèbre. Ses enfants et petits enfants lui servent de modèles. Elle est éditée pour la première fois en 1857. Ses publications ont du succès. Elle continue donc et écrit Les petites filles modèles en 1858 et Les malheurs de Sophie en 1859.
 
Ses ouvrages sont destinés à la lecture, mais aussi à être joués. En effets, les jeux de scène expliqués, les dialogues, les récits permettent de se costumer. Ils sont écrits comme des pièces de théâtre, animés, avec beaucoup de dialogues. Les portraits de ses personnages peuvent aller jusqu’à la caricature.
Pour toutes ses descriptions de la vie quotidienne et des mentalités du XIXème siècle, elle est appelée, le « Balzac des enfants ».
 
Certains passages de ses romans pourraient être censurés. Ils ne sont pas bien accueillis dans la presse catholique. Mais grâce surtout à ses fils Gaston et Anatole, bien placés dans le milieu catholique, ces passages restent dans les romans.
Elle se bat pour garder les passages sur la violence éducative ou les morts d’enfants. Ainsi que les thèmes récurrents des châtiments corporels et des leçons de morale. Mais ce qui choque le plus, en plein Second Empire, ce ne sont pas les sévices corporels, mais plutôt les relations amoureuses entre les personnages.
La violence est présente aussi et représentée par la guerre et par les enfants qui torturent les animaux (Les malheurs de Sophie) ou qui taquinent cruellement (Le général Dourakine 1864). Chacun y vit ses supplices.
 
La comtesse de Ségur vit dans une société où les strates sont très marquées. Ce que l’on retrouve dans son œuvre :
– les châtelains, avec leurs enfants et leurs domestiques,
– les fermiers et artisans,
– les pauvres.
C’est pauvres, que la châtelaine et ses enfants secourent (Les petites filles modèles 1859).
Dans ses romans, les paysans ou les domestiques qui acquièrent la fortune, apparaissent comme sympathiques. A condition qu’il n’aillent pas jusqu’à frayer avec la noblesse. Dans le cas contraire, ces domestiques fortunés deviennent des bouffons ou des escrocs (comme le faux baron de Castelsot, dans Diloy le chemineau).

Louis Hachette
Louis Hachette

Louis Hachette, de retour de Londres en 1851, désire imiter William Henry Smith, qui avait en 1848, fait installer des kiosques dans les gares, afin de vendre livres, journaux et objets utiles aux voyageurs.
En conséquence, une nouvelle collection créée par Louis Hachette est lancée en 1852 et appelée « Bibliothèque des Chemins de fer ». Ces éditions sont destinées à être vendues dans les gares pour les voyageurs. Les trajets sont longs, il y a du bruit dans les wagons, la lecture doit donc être aisée et distrayante. Bien sûr, les livres doivent être édités dans un petit format, transportable sans peine.

Il faut pouvoir distinguer les livres pour enfants des livres pour adultes. Alors les livres pour enfants sont édités en rose. Le premier livre de la « Bibliothèque Rose » est donc le roman de la comtesse de Ségur : Les nouveaux contes de fées, illustrés par Gustave Doré.

La comtesse de Ségur fait la fortune de la librairie Hachette et de la Bibliothèque rose. Cette Bibliothèque rose qui se veut moralisatrice.
Depuis 1863, la comtesse de Ségur est veuve.
Alors que les revenus de ses contes auraient dû lui rapporter assez financièrement, la comtesse de Ségur est contrainte à la fin de sa vie de vendre son château des Nouettes. En effet, ses rémunérations ne sont pas rattachées au nombre d’exemplaires tirés, mais l’éditeur achète le roman une fois pour toute.
Le principe de la rémunération des auteurs en fonction du nombre d’exemplaires vendus est apparu à la fin du second empire. Les livres de la comtesse sont donc des revenus complémentaires et ne lui permettent pas d’en vivre.
Son dernier roman Après la pluie le beau temps est publié en 1871.
Suite à la vente de son château, elle va vivre à Paris, rue Casimir Périer en 1872. Et s’éteint, entourée de ses enfants et petits enfants, le 9 février 1874.

Sources & afin d’en savoir encore plus :
Persée : La comtesse de Ségur.
Larousse : La comtesse de Ségur.

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